The invasion of the English

Version anglaise

Don Somner

 

Deux familles anglaises bizarres ont fait leur apparition à La Garnie en 1989, s'étant mises en tête d'acheter une maison qui tombait en ruines au centre du village.

S'agissait-il d'amateurs de football vandales, arrivés de bonne heure pour la Coupe du Monde? Etaient-ils riches? Etaient-ils fous?

Eh bien, neuf ans plus tard, certaines de ces questions ont été éclaircies.

Il ne semble pas que ce soit des hooligans, bien qu'ils se déclarent extrêmement chagrinés que l'Angleterre n'ait pas réussi à remporter la Coupe du Monde.

Ils ne semblent pas être riches et, même s'ils l'ont été, ils ne le sont certainement plus !

Sont-ils donc fous ?

Cette possibilité est une question qui soulève quelques débats. La majorité est d'avis qu'ils sont certainement fous. Le raisonnement est assez clair. Quelle personne saine d'esprit ferait un voyage de 1500 km trois ou quatre fois par an pour passer la majeure partie de ses 'vacances' à travailler ?

Oui, ils doivent bien être fous !

Quel est le résultat de leurs efforts ?

Après le décès de M. Gubert, la maison était tombée en ruines et le jardin était devenu une véritable forêt vierge. A l'arrivée des anglais, on apercevait à peine la maison à travers les mauvaises herbes et les orties. A l'intérieur, la maison était restée telle que M. Gubert l'avait laissée - y compris tous ses effets personnels. Il a fallu plus d'un an pour la vider.

Ayant nettoyé la maison et, finalement, le jardin, qu'ont-ils découvert ? Eh bien la première chose qu'ils ont découverte, c'est que la nature reprenait ses droits dans le jardin et très rapidement. Ils n'arrêtaient pas de se démener pour la contrôler.

La deuxième chose qu'ils ont découverte, c'était l'état de la maison. L'installation électrique constituait un danger mortel. Il n'y avait qu'un robinet d'eau froide, pas de salle de bains ni de WC. Le plâtre tombait des murs, les volets s'étaient décrochés, les planchers s'affaissaient et le toit s'était effondré.

Mais ils ont découvert autre chose, quelque chose de bien plus important qu'un jardin envahi de mauvaises herbes et une maison en ruines. Ils ont découvert un accueil chaleureux et se sont fait un grand nombre de nouveaux amis. Pour de nombreux anglais, le village de La Garnie est comme un rêve, un rêve impossible mais, pour ces anglais-là, c'était un rêve qui prenait vie.

Au bout d'un an ou deux, il est devenu clair que la maison nécessitait beaucoup plus de travail qu'il n'avait été envisagé au départ et beaucoup plus de dépenses !

Peu à peu, les plus gros travaux ont été réalisés, les planchers ont été remis en état, les murs réparés et la toiture remplacée. Les murs intérieurs qui se délabraient ont été abattus et de nouveaux murs érigés et, pendant tout ce temps, une multitude d'amis du village nous ont aidés de mille façons ou nous ont simplement crié "courage" lorsque la tâche semblait impossible.

Le jardin a peu à peu pris forme, de nouvelles fenêtres et de nouveaux volets ont fait leur apparition, l'installation électrique a été refaite et des sanitaires installés ainsi que des chambres et salles de bains.

Les "Anglais" ont fréquemment deux questions à l'esprit.

La première étant, qu'est-ce que M. Gubert aurait pensé de tout cela ?

Certains des changements lui donneraient peut-être un frisson d'horreur mais il serait peut-être content que la maison soit rénovée et que l'on s'occupe de son jardin.

La deuxième question étant, quand allons-nous en voir le bout ?

Leurs nombreux amis en Angleterre pensaient qu'ils avaient acheté un énorme "château" luxueux. Tout le monde pensait que les travaux seraient finis sous un an ou deux. La réponse est maintenant claire, on n'en verra jamais la fin. Il y aura toujours un projet pour l'année prochaine et, sans "projet" pour l'année prochaine, où serions-nous ?

Nous vivons à une époque où le monde change plus rapidement qu'à toute autre époque du passé, il y a eu de si grands changements au cours de ces neuf dernières années. Nos livres et nos francs pourront se transformer en euros d'ici peu, nos crayons sont devenus ordinateurs et nos moyens de transport sont de plus en plus rapides. Mais, de plus en plus, les gens recherchent une façon de vivre plus traditionnelle, ils veulent échapper à la bousculade de la ville et à la marche incessante de la technologie.

Récemment, il y a eu des débats sur l'état de la route qui traverse La Garnie. Un anglais dit à un Français, "La Garnie est probablement l'un des plus beaux villages de la Corrèze", ce à quoi le Français rétorqua "non, de la France" et l'Anglais de renchérir, "Non, du monde!".

Essayons de conserver ce secret entre nous encore un peu plus longtemps.

Don Somner

Le site de la famille Somner parle aussi de la Garnie